On dirait que ce débat a gentillement dérapé
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[Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien]Débat sur les armes à Lausanne - Luc Recordon prend la fuiteDans le cadre de la campagne en vue de l’initiative populaire "pour la protection face à la violence des armes", la société pour un droit libéral sur les armes proTELL a organisé, ce samedi à Lausanne un débat contradictoire. Au cours de ce débat, (qui a montré, une fois de plus, la nullité des arguments des rouges-roses-verts) le conseiller vaudois aux Etats Luc Recordon, se sentant insulté, a quitté la salle avec fracas.
Autre défenseur de l’initiative, le conseiller national socialiste vaudois Eric Voruz est resté seul, face à une audience entièrement acquise aux opposants à l’initiative, Jean-Luc Addor, député UDC au Gand Conseil valaisan, Eric Stauffer, du Mouvement citoyen de Genève, et Dominique Baettig, conseiller national UDC jurassien. Le débat était modéré par le journaliste Serge Gumy, de 24 Heures.
Dans le camp des initiants on a mis en avant l’équation "trop d’armes en circulation = risque pour la sécurité publique". De nombreux incidents récents montrent que des armes en circulation dans les rues des villes suisses représentent un danger de plus en plus sérieux. Luc Recordon a mis en avant les problèmes de suicides et de "pétage de câble", selon son expression, des cas dans lesquels la proximité d'une arme peut aider au passage à l'acte.
Peu convaincu lui-même, Recordon ne pouvait s'attendre à convaincre une salle remplie de tireurs, collectionneurs et autres amateurs d'armes. C'est sans doute la raison pour laquelle le sénateur vaudois s'est prétendu insulté et a pris la fuite, en hurlant le public était hostile et lui manquait de respect. Politesse oblige, tous les participants ont regretté son départ, mais ce n'était pas vrai. Le socialiste Voruz, mal parti lui aussi, a au moins pu nous convaincre de son honnêteté. A plusieurs reprises, il a candidement avoué qu'il devait reconnaitre que l'initiative n'apporterait pas plus de sécurité, par rapport aux suicides, par rapport au banditisme, par rapport à tous ceux qui – avec ou sans initiative – n'ont rien à faire de la loi.
Chez les opposants, on a argumenté sur la défense - personnelle et nationale – et sur le fait que la plupart des incidents évoqués, comme la récente fusillade de Martigny, sont le fait de personnes qui n'ont de toutes façons pas le droit de posséder des armes, encore moins de les porter. Ajouter un niveau à l'arsenal d'interdictions ne changerait pas grand-chose pour des gens qui ont délibérément décidé de désobéir aux lois.
Le sentiment d'insécurité augmente d'année en année… avec quelques raisons. Ce n'est pas l'accumulation des armes chez des citoyens suisses irresponsables qui en est la cause, mais bien la perte de tout un système de valeurs, d'une certaine éducation, d'une certaine morale. On a relevé qu'en plusieurs occasions, des citoyens armés auraient pu mettre fin à des violences.
Les initiants ont osé mettre sur le tapis la récente fusillade de Martigny. Ce qui a permis à Jean-Luc Ador de précis certains points: au moins la moitié des participants à cette petite sauterie étaient des Kosovars et n'avaient donc aucun droit à posséder des armes en Suisse (art. 12 de l'OArm) encore moins d'en porter. L'initiative pourrait interdire à des citoyens suisses honnêtes ou à des étrangers installés en Suisse de posséder ces armes, mais elle ne changerait rien pour ceux qui s'en servent dans les rues de nos villes.
Le président du MCG, Eric Stauffer en profita pour demander qu'on arrête la "législatite aigüe" actuelle. Les partis de gauche ne cessent de se dire défenseurs de la liberté, mais ils ne cessent de faire le contraire et de promouvoir des lois liberticides.
Ce qui fit dire au socialiste Voruz qu'à son avis, l'initiative était très libérale (!), puisqu'elle tenait compte des tireurs, des chasseurs et des collectionneurs. Le même socialiste vaudois ajouta que les sociétés de ti s'en trouveraient valorisées, de par les responsabilités supplémentaires qu'on leur donnerait.
La question de l'arme d'ordonnance – un des points importants de l'initiative – montra encore une fois le fossé entre les conceptions: pour Eric Voruz, un fusil n'est pas une arme personnelle. C'est un objet dont on se débarrasse dès que possible. Pour Dominique Baettig, c'est l'image (un peu romantique, admet-il lui-même) du Suisse qui défend sa liberté. Pour Jean-Luc Addor, plus pragmatique, l'arme du soldat doit assurer sa sécurité personnelle en cas de mobilisation, même si ce scénario ne semble pasd'actualité.
Un soldat sans fusil, demanda l'animateur (Serge Gumy), c'est encore un soldat ?
Réponse de Voruz: "Heuh.. oui!"… réponse de Stauffer: "c'est un contractuel !"
Reconnaissons à Eric Voruz une honnêteté à toute épreuve. Poussé dans ses retranchements, le socialiste morgien n'a au aucune hésitation à avouer que, oui, dans son parti, certains étaient pour la suppression de l'armée… que, oui, dans son parti, certains étaient pour les drogues qui poussent au suicide bien pus que n'importe quelle arme. Et il ajouta - candide encore une fois – que l'initiative était là et qu'il fallait bien qu'il la défende.
Mais, "off record", il reconnut sans difficulté qu'il ne croyait pas à sa réussite.
Ce débat, à Lausanne, était le premier de la campagne pour ou contre l'initiative "pour la protection face à la violence des armes". Le seul regret, c'est que nous étions 50 à y participer en ce beau samedi de juin, alors que nous aurions dû être 200, voire 2000.