- bat a écrit:
- Par curiosité, comment la jeune génération actuelle Suisse vois-elle et vit-elle cette période de son histoire?
Je vais essayer de te répondre comme je peux et d'après ma courte expérience. Je voudrais d'abord précisé les circonstances de la "connaissance de notre passé par les jeunes suisses".
Je suis étudiant, en 4ème et dernière année de ce que vous appelez lycée en France. J'ai toujours été passionné d'histoire, qu'elle soit Suisse, Européenne ou autres. Les deux guerres mondiales m'ont aussi beaucoup intéressée. La plupart de mes connaissances de ce sujet proviennent des livres que j'ai lus jusqu'à présent, et non de ce que j'ai appris à l'école obligatoire et durant les trois premières années de post-obligatoire.
C'est là pour moi que se trouve le problème. Je n'ai que peu vu en cours l'histoire de la Suisse durant la seconde guerre. Combien de jeunes suisses savent encore à ce jour qui était Guisan? Que l'on a accueilli des Juifs comme nous en avons refoulé à la frontière? De la "mob" qu'ont vécus nos grands-parents?
Ce sont des événements pourtant si récents mais qui me semblent très loin pour ceux qui n'ont eu le privilège ou du moins la volonté d'étudier. Je vais d'ailleurs poser la question autour, s'ils savent qui fut Guisan, leurs réponses m'intéresse.
Par contre, il me semble qu'au gymnase(sur Vaud)/collège(sur Fribourg/lycée(en France), nous connaissons peut-être un peu mieux cette période, mais dans sa généralité et non pas dans la particularité suisse, abordée seulement en quatrième année.
Je ne saurais m'exprimer au nom de la jeune génération, mais je ne me fais pas beaucoup d'illusions: je pense que beaucoup d'entre nous ne connaissent que peu cette période, pourtant ô combien importante pour comprendre la situation de la Suisse (et de l'Europe) actuelle.
Mes connaissances proviennent comme je l'ai dit de nombreuses et diverses lectures et documentaires, mais aussi de ce dont mes grands-parents me racontent. Vivant juste à coté d'eux, je leur ai souvent demandé "comment c'était pendant la guerre?".
J'ai donc une image de la Suisse de cette époque qui malgré les différentes fautes qui ont été faites reste positive. Je suis fier de penser que mes anciens n'ont pas céder sous le poids de l'encerclement par deux dictature, et que les privations -bien que faibles par rapport à d'autres pays- dûs au double blocus ainsi que la peur d'un ennemi commun à la nation ont permis de souder un pays dans un effort commun. Beaucoup de Suisses devraient en prendre de la graine pour contrer toutes les attaques que nous subissons actuellement (de ce chameau lybien, sur le secret bancaire, sur notre compétitivité fiscale,...)! Je suis d'ailleurs heureux de penser que mon pays aurait lutter jusqu'au bout, comme la Finlande l'a fait. La Suisse a eu l'énorme chance de pouvoir être épargnée par les deux conflits mondiaux... La neutralité armée n'y est évidemment pas pour tout mais nous a certainement permis d'échapper à cela.
J'espère avoir répondu à ta question '
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Dans un autre cadre de réflexion, j'ai vu et été étonné de voir ces deux phrases dans le livre du soldat de 59 présenté dans un sujet plus bas:
- Citation :
- Renoncement à ses aises, effacement de son égoïsme en faveur d'une cause qui nous dépasse : assurer l'indépendance de la patrie.
L'homme courageux pense d'abord aux autres.
Cela me fait penser à Lucilius, auteur latin qui prônait trois priorités dans la vie du Romain. Il devait premièrement entretenir, protéger et rendre heureux sa famille et sa femme, deuxièmement donner son sang pour défendre sa patrie et en dernier lieu s'occuper de soi. Cette volonté de mourir pour la patrie se retrouvait donc déjà à l'époque antique (voir à ce sujet l'épisode des 306
Fabii), et j'ai appris aujourd'hui de mon prof de latin que les soldats suisses de la mob, deux mille ans après les Romains, ont du jurés de donner leur vie pour leur patrie. Et il nous a poser cette question, quel citoyen-soldat, aujourd'hui, mourrait pour protéger son pays?